A l’occasion de la reprise du Top 14 le weekend dernier, les équipes, privées de leurs meilleurs joueurs retenus pour la coupe du monde, ont tout de même réussi à mettre du volume dans leurs matchs. Et à ce petit jeu là, Clermont et le Stade Français, champion en titre, se sont distingués. En inscrivant 6 essais et 44 points à La Rochelle et en dominant le champion palois de pro D2, les deux équipes ont montré de belles actions.
Cependant, dans les deux matchs, deux essais ont été refusés sans pour autant que cela ait une incidence sur le résultat final. Mais ces deux arbitrages vidéos posent question sur l’importance que cette « aide » prend petit à petit dans le rugby. Explications.

Deux arbitrages vidéo en question

Deux actions similaires, deux fautes bien différentes mais des conséquences identiques : un essai refusé à Abendanon d’un côté, à Bosman de l’autre. Mais, arrêtons nous quelque peu sur les deux actions. sfparis-pau-meyer-bosmanCôté Stade Français, l’action, après plusieurs temps de jeu, rebondit sur l’aile droite où Sinzelle décale Lakafia qui fixe parfaitement son défenseur pour donner à Bosman seul sur l’aile. Essai ? Non car l’arbitre, alerté par les Palois (par l’intermédiaire de Traille), demande la vidéo pour un passage à vide dudit Bosman environ 1 minute plus tôt dans l’action. Monsieur Attala, l’arbitre « terrain » s’exécute et invalide l’essai pour une faute, bien réelle, mais peu évidente au ralenti et « invisible » dans l’instant.

Du côté de La Rochelle, pour qui le match était déjà largement perdu, c’est un en-avant qui sera arbitré par la vidéo. Après plusieurs temps de jeu, les Clermontois ouvrent sur la droite et Rougerie cherche la Abendanon La Rochellesolution idéale qui se présente en la personne d’Abendanon, parfaitement lancé à hauteur qui n’a plu qu’à toucher en but. L’arbitre semble accorder l’essai mais demande finalement l’arbitrage vidéo. Deux angles vidéos sont proposés au préposé à l’outil numérique qui se décide finalement pour un en-avant sur une vue de trois-quart qui ne peut que donner la vision d’un en-avant.
Résultat : aucune incidence pour Clermont et un bonus offensif en moins pour Stade Français.

Un arbitre numéro 1 bis

L’arbitrage vidéo est une avancée, il ne faut pas en douter ! Il offre une solution supplémentaire à la décision de l’arbitre de champ et notamment sur les essais car il n’est pas toujours évident de distinguer le ballon sous l’amas de joueurs qui peut s’écrouler dans l’en-but. Si depuis son instauration dans l’hémisphère nord, il y a quatre ans, la vidéo a souvent permis de trancher des situations confuses et de juger des situations serrées, elle s’est peu à peu modifiée. Les instances du rugby lui ont notamment permis d’intervenir sur des éléments intervenants avant l’en-but. Et l’on a vu, par exemple, l’arbitre vidéo de lui-même, stopper le jeu et intervenir à juste titre sur un geste dangereux de Quovu sur un Clermontois au sol.
Mais ce qui est induit par les deux décisions décrites plus haut soulève un problème différent. Il s’agit de deux décisions qui ne reposent que sur l’arbitre vidéo et qui sont aussi litigieuses que contestables. Et, pire encore, l’arbitre sur le terrain ne les a pas jugées comme étant des fautes à vitesse réelle. Monsieur Attala a vu la percussion de Bosman « à vide » et Monsieur Gahuzer n’a pas jugé irrégulière la passe de Rougerie. Autrement dit, on est face à un arbHydre à deux têtes, à un arbitrage vidéo en temps réel, bref plus du tout à une « aide » extérieure mais bien à un décisionnaire du jeu à part entière.

Limiter le rôle de l’arbitre vidéo ? Ou rendre à l’arbitre de champ sa légitimité ?

S’il n’est pas question ici de blâmer les choix des hommes en jaune, il est toutefois important de noter que l’arbitrage vidéo a changé et pas forcément pour le mieux. Il paraît aujourd’hui nécessaire de veiller à ne pas interrompre le jeu (et le spectacle) trop souvent et trop longtemps. Une des solutions est pourtant déjà au milieu des joueurs : l’arbitre de champ. Sans leur en demander trop, il serait bon qu’ils décident d’eux-mêmes, dans le cadre d’une action qu’ils ont jugé régulière à vitesse réelle, de ne pas faire appel à leur collègue visionneur. Et s’il faut légiférer, les dirigeants pourraient, par exemple, donner la consigne claire aux arbitres de champ de se faire confiance et pourquoi pas dès la prochaine coupe du monde en Angleterre.